DESCRIPTION
L’exposition au Jeu de Paume présente une sélection d’oeuvres réalisées par l’artiste depuis le début des années 2000. Elles rendent compte de la façon dont la narration et la fiction, les processus de transmission du récit et sa relecture opèrent comme de véritables outils réflexifs et moyens d’établir une nouvelle relation à l’histoire permettant de mettre en lumière les enjeux contemporains des liens entre image, texte et son.
Dans ses installations vidéo, composées de projections uniques ou multiples, Omer Fast (né à Jérusalem en 1972) explore de nouvelles formes de narration, en tissant des liens entre mots et images. Ses oeuvres cherchent à pousser plus loin l’analyse de l’espace et de la forme narrative du cinéma, en proposant une multiplicité de points de vue qui lui permettent de présenter différentes versions d’une même réalité et de rompre avec la linéarité cinématographique. Grâce aux techniques du montage, Omer Fast manipule les images, le son, les sous-titres et les voix créant ainsi de multiples lectures et strates temporelles qui, présentées sur des écrans simultanés, disloquent l’histoire et transportent le spectateur dans une sorte d’expérimentation sur les limites de la réalité.
Omer Fast dénoue les fils d’histoires où se mélangent aspects réels et fictionnels. Toute histoire « vraie » se construit, finalement, au travers de filtres : représentations télévisuelles, cinématographiques et documentaires ; de même, les modes de production et de diffusion génèrent des formes et des formats. Fondés en partie sur des méthodes de reconstitution, ses films dévoilent les strates d’une mémoire multiple, individuelle et collective, flottant entre précision et incertitude. Les faits et leurs récits appartiennent à un vaste procès temporel : une mémoire vivante. Questionnant la production et la réception des images médiatiques contemporaines, l’artiste examine également les relations entre l’art et les modes d’expression de masse ainsi que la façon dont la spectacularisation de l’information conduit à une interprétation fragmentée de l’histoire. Réalité et fiction, mémoire collective et expérience personnelle, se superposent ou se confondent dans des oeuvres qui traitent de la guerre, de la mort, de la mémoire, du déplacement et du deuil.